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À venir

 

Plusieurs autres recherches ont été produites en utilisant la perspective psychogénétique comme cadre de référence et l'épreuve Groupements comme outil. 

 

Cette section sera donc enrichie progressivement au fur et à mesure que les recensions de ces recherches seront effectuées.

Les recherches

 

Depuis sa première proposition, en 1984, la théorie psychogénétique de l’identité a fait l’objet de plusieurs études, en particulier par l’utilisation de l’Épreuve Groupements élaborée pour la mettre à l’épreuve.  La plus grande partie de ces études ont été réalisées par des étudiants inscrits dans les programmes de maîtrise ou de doctorat en éducation ou en carriérologie (counseling d’orientation) de l’Université du Québec à Montréal.  Quelques résultats de ces travaux sont présentés ci-bas, mais on peut avoir accès à l'ensemble de leurs travaux à la bibliothèque de l'UQAM avec le mot de recherche "identité".  L’Épreuve Groupements a par ailleurs également été utilisée, tant au niveau de la recherche qu’au niveau de l’intervention clinique, en Suisse, au Mexique, en France et en Argentine. 

 

Dans un premier temps, il est bon de rappeler que l’Épreuve Groupements n’est pas un test à correction objective.  C’est une tâche qui résulte en une production que seule une personne qui connaît bien la théorie sur laquelle elle est basée peut interpréter.  Cela exige de plus d’avoir été formé pour le faire.  L’interprétation qui en résulte fournit des informations sur trois aspects principaux, soit l’organisation identitaire (le niveau de réflexivité des stratégies de catégorisation), l’équilibre identitaire (la cohérence des stratégies), et la présence de certains déficits  ou difficultés spécifiques

 

La fidélité et la validité de construit de l'épreuve Groupements 

 

Lorsqu’un ensemble de productions est interprété par deux personnes ou plus, bien entraînées, on obtient généralement une fidélité inter-juges de l’ordre de 90%.  Quant à sa validité de construit, c'est-à-dire la capacité de mettre en évidence la nature développementale de la théorie, Bégin a démontré, dans une étude réalisée en 1990, qu’il y avait une corrélation de 0,53 entre l’échelle développementale des schèmes catégoriels et celle du développement de la notion de proportion de Noelting (1978). 

 

La réflexivité d’écoliers et la réussite scolaire

 

Par ailleurs, dans une autre étude faite en 2001 par Ladouceur, une analyse des productions de 4 groupes d’une vingtaine d’écoliers des groupes d’âge 6-7 ans, 8-9 ans, 11-12 ans et 16-18 ans, confirme qu’il y a développement de la réflexivité avec l’âge, et cela plus précocement chez les filles que chez les garçons.  On a également observé que la réflexivité apparaissait d’abord, entre 8-9 ans et 11-12 ans, dans les dimensions de l’univers de la communicaation, puis surtout entre 11-12 ans et 16-18 ans dans les dimensions de l’univers de la transformation des objets.  Cela est-il dû au fait qu’il y a une plus grande présence des femmes auprès des jeunes enfants?  Cela peut-il également expliquer le fait que les filles réussissent mieux que les garçons, lesquels seraient plus impulsifs et plus portés à défier l’autorité? 

 

Ces observations ont été confirmées dans une autre recherche réalisée en 2003 par Poupart, dont l’objet était de vérifier s’il y avait une relation entre le développement de la réflexivité et les résultats scolaires d’un groupe de 115 élèves de 3e année secondaire (14-15 ans), ce qui a été effectivement vérifié.  En effet, les productions recueillies auprès de ces élèves révèlent là aussi que les filles ont un développement identitaire plus avancé, ce qui pourrait expliquer en partie que leurs résultats scolaires sont également supérieurs à ceux des garçons.

 

Une étude plus récente (Brissette, 2008), comparant l’organisation identitaire d’un groupe d’élèves à risque de 14-16 ans avec un groupe d’élèves réguliers du même âge, va dans le même sens.  Les élèves à risque présentent nettement un niveau de réflexivité beaucoup moins développé.  Et c’est dans les dimensions « leadership » et « social » qu’ils sont plus en déficit, ces deux dimensions appartenant à l'univers de la communication.

 

L’organisation identitaire et les choix d’orientation

 

D’autres recherches ont permis de mettre en évidence d’autres conséquences d’une organisation identitaire en déséquilibre.  C’est particulièrement le cas pour la stabilité ou la persistance dans le choix des études post-secondaires.

 

Ainsi, André Lauzon (1993) a démontré qu’il y avait une forte relation entre le niveau d’organisation identitaire d’un groupe d’élèves en fin d’études secondaires et la persistance dans le programme qu’ils avaient choisi de poursuivre par la suite.  Le fait d’avoir une organisation identitaire en équilibre ou en déséquilibre a même permis de prédire 83% des persistances et non persistances de ce groupe d’étudiants, alors que le taux de prédiction obtenu à l’aide de l’Échelle d’identité professionnelle de Holland n’était que de 60%.  Ce qui est particulièrement intéressant dans son étude, c’est que ce résultat est le même tant pour les étudiants francophones québécois que pour les étudiants venant de familles immigrantes, ce qui laisse présumer que l’Épreuve Groupements est indépendante de l’origine culturelle.  Cela est d’autant plus probable que Lauzon a également observé qu’il n’y avait pas de relation significative entre les résultats de l’Épreuve Groupements et les résultats de l’Échelle d’identité professionnelle ou ceux d’une échelle de certitude de l’orientation.

 

Un phénomène similaire a été observé par  Louis Lauzon auprès d’un groupe de 207 étudiants universitaires.  Les résultats de son étude révèlent en effet qu’il y a une relation significative entre le niveau d’organisation identitaire et la congruence du choix vocationnel, c’est-à-dire le niveau d’indécision par rapport au choix de carrière.

 

La procrastination

 

D’autres résultats intéressants ont également été obtenus dans d’autres recherches portant sur des sujets adultes.  Ainsi, Isabelle (2005) a observé une relation significative entre certaines caractéristiques des productions d’un groupe de 43 personnes inscrites dans un programme de réorientation et la tendance à la procrastination.  Plus précisément, les sujets procrastinateurs produisaient des groupements qui confondaient les dimensions « technique » et « routine ».  De même, la plupart ne parvenaient pas à associer l’activité « Remplir une machine à laver le linge » à un groupement.

 

La performance au travail

 

Enfin, parmi toutes les études qui ont été réalisées, il y en a une dont les résultats sont vraiment étonnants.  Il s’agit de la recherche qu’a faite Michiels (1993) sur la relation entre l’organisation identitaire d’un groupe de 129 cadres intermédiaires d’une grande entreprise du secteur privé québécois et leur rendement au travail tel qu’évalué par le Service des ressources humaines de l’entreprise.  Michiels a procédé à une analyse fine des productions des sujets en utilisant la technique d’analyse discriminante.  Il en est ressorti plus particulièrement que plus le niveau de réflexivité des dimensions « science » et « créativité » d’un individu est élevé, plus il est évalué comme performant au travail.  On peut interpréter ce résultat dans le sens qu’un individu sera plus performant s’il est capable d’innover, de créer des solutions nouvelles (créativité) et s’il a une bonne confiance en lui et en ses capacités (science), ce qui va dans le sens de ce que plusieurs auteurs du domaine affirment.  Au total, le modèle inféré par analyse discriminante permet de prédire à 80% le rendement au travail comme performant ou non performant.

 

 


 

Références 

 

 

Bégin, L. Pour une approche renouvelée de la psychologie du développement vocationnel, Canadian Counselor, Vol. 13, (no 4), 1979.

 

Bégin, L., Genèse de schèmes de conceptualisation, organisation du Moi et éducation à la carrière, in Pelletier, D., Bujold, R. & al., Pour une approche éducative en orientation, Gaëtan Morin, Ed., Chicoutimi, 1984.

 

Bégin, L.  Les effets de la transmission d'informations professionnelles sur les capacités de différenciation et de discrimination cognitives des sujets, Thèse de doctorat (non-publiée), Ottawa; Université d'Ottawa, 1985.

 

Bégin, L. L'identité du Moi: l'approche psychogénétique et ses applications, Agence d'Arc, Montréal, 1990, 1993.

 

Bégin, L. Reconstruire le sens de sa vie: le changement thérapeutique, Éditions Nouvelles, Montréal, 1998.

 

Bégin, L., Landry L, Bleau, M. L'école orientante: la formation de l'Identité à l'école,  Éditions Logiques, Montréal, 2000.

 

Brissette, S. L’organisation identitaire de jeunes en difficultés et la réussite scolaire. Activité dirigée, UQAM, 2008.

 

Isabelle, N. Étude exploratoire de la capacité de l’Épreuve Groupements  à diagnostiquer la tendance à la procrastination, Activité dirigée, UQAM, 2005.

 

Ladouceur, L. L’approche psychogénétique et la construction de l’identité des jeunes de 6 à 18 ans, Activité dirigée, UQAM, 2001.

 

Lauzon, A. Influence de l’organisation catégorielle sur la stabilité des choix scolaires lors du passage du secondaire au collégial, Thèse de maîtrise, UQAM, 1993.

 

Lauzon, L. Identité du moi et congruence du choix vocationnel : perspective psychogénétique, Thèse de maîtrise, UQAM, 1996.

 

Michiels, S. Étude exploratoire des relations entre l’organisation des schèmes catégoriels et le rendement au travail chez des cadres intermédiaires québécois du secteur privé, Thèse de maîtrise, UQAM, 1992.

 

Noelting, G.  La construction de la notion de proportion chez l’enfant et l’adolescent et les mécanismes d’équilibration, Université Laval, 1978.

 

Poupart, D. Les habiletés scolaires, le développement identitaire et les résultats scolaires des garçons et des filles de 3e secondaire. Activité dirigée, UQAM, 2003.